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03/09/2020

"Catholiques ou non, l’écologie peut-elle rassembler ?"

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La Croix (Marion Lecas et Mélinée Le Priol), 3/09 : "Cinq ans après la publication de l’encyclique Laudato Si’, seize personnalités françaises intéressées par l’écologie, catholiques ou non, rencontrent le pape François à Rome ce jeudi 3 septembre. Cette rencontre vise ouvertement à créer des liens entre des hommes et des femmes qui pourraient se retrouver sur l’urgence écologique après avoir été longtemps en désaccord sur le plan politique..." C'est enfin la rencontre entre l'Eglise catholique française et l'écologie réelle, autour du pape François ! La porte peut s'ouvrir sur des actions communes :


Début de l'article

<< Quel est le point commun entre le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et la médiatique adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar ? La réponse tient en un mot : l’écologie. C’est autour de ce thème qu’un groupe hétéroclite de seize personnes doit rencontrer à Rome, ce jeudi 3 septembre, le pape François. « La volonté du pape de créer des passerelles avec le monde profane en mettant en avant la protection du vivant sur terre est extrêmement positive », se réjouit la juriste Valérie Cabanes, membre de la délégation, sans cacher son désaccord avec l’Église sur d’autres sujets. Avant même d’avoir eu lieu, cette improbable rencontre romaine se veut déjà un signe fort : celui que, sur l’écologie, « on peut travailler et dialoguer avec des personnes éloignées de l’Église », selon l’une des chevilles ouvrières de l’événement, catholique cette fois, Raphaël Cornu-Thénard. Découvrant depuis peu les milieux écologistes, le fondateur d’Anuncio et du Congrès Mission a pu rencontrer « des personnes très engagées, admirables d’abnégation », même sans partager sa foi chrétienne. « Appuyons-nous sur elles et essayons de débattre », propose-t-il...  >>

 

Le pape François est en voie d'obtenir ce que à quoi Jean-Paul II et Benoît XVI avaient échoué en leur temps : faire comprendre aux catholiques français l'urgence de l'écologie, et sa résonance avec la Genèse et l'eschatologie christique. Ce tournant vient de Laudato Si', comme le souligne dans La Croix le nouveau maire écolo (et chrétien) de Bordeaux, Pierre Hurmic :

<<  “J’ai été conforté par les analyses de l’économiste jésuite Gaël Giraud sur Laudato si’, un texte qui m’a bousculé. À l’époque, le sociologue Edgar Morin avait affirmé que l’encyclique du pape était l’acte 1 d’un appel pour une nouvelle civilisation, je trouvais aussi cela très fort. L’analyse du pape est assez proche de celle que faisait Jacques Ellul de l’emprise de la technologie. Le pape dénonce le fantasme d’une sortie de crise par la magie de la technique, qui cache une démission des comportements, c’est une analyse très ellulienne...

<<  Comment votre foi a-t-elle irrigué votre engagement ?

P. H. : Elle l’a nourri intellectuellement. Le discours autour de la création a une dimension écologique forte. J’ai aussi la conviction que la crise actuelle est d’abord une crise spirituelle, éthique, culturelle, une crise de la modernité. Je suis par ailleurs un paroissien discret, très attaché à la laïcité, conquête républicaine majeure. Mes adversaires m’ont qualifié de « catho basque »... Mais je n’ai jamais mélangé les deux tableaux. La foi est une question personnelle.

Est-ce que cette conviction religieuse vous aide dans votre action ?

P. H. : Oui, car l’action politique est très prenante. Quand on est engagé, faire des pauses spirituelles est fondamental, je ne pourrais pas m’en passer. Donc, ma foi irrigue mon engagement politique, c’est un tout et je ne conçois pas l’un sans l’autre.

Des affinités apparaissent entre écologie politique et écologie chrétienne. N’est-ce pas l’occasion pour le monde politique et les catholiques de gagner une bataille culturelle ?

P. H. : Oui, à condition qu’ils s’y attellent sérieusement. J’ai un peu regretté que l’Église catholique ne s’approprie pas davantage l’encyclique Laudato si’. L’écologie intégrale, c’est-à-dire cette dimension à la fois humaine et sociale de l’écologie, correspond tellement à ce que je pense. Quand j’ai lu cela sous la plume du pape, j’ai eu un moment d’émerveillement, j’entendais simultanément le cri de la terre et celui des pauvres.Je me retrouve dans cette dénonciation de notre modèle de développement, court-termiste, carboné. Et beaucoup d’écologistes athées ne peuvent que se retrouver dans ce texte de radicalité, quand le pape appelle à retrouver la sobriété ou estime que l’on ne peut pas traverser la crise climatique sans changer nos modes de production et de consommation... >>

Pour son tour d'horizon, La Croix a interrogé des citoyens conscients de l'enjeu écologique, catholiques ou non : Raphaël Cornu-Thénard, Jérôme Fourquet, Fabien Revol, Valérie Cabanes, Vincent Brousse, Marie Valentin-Auzou, Julie Lefort, et moi-même. Occasion de parler de tout ce qui dérange la bien-pensance libérale ; de voir en quoi les médias (et une microfraction du milieu catho) confondent à tort cette bien-pensance avec l'identité catholique [1] ; et de constater que les catholiques français du courant central sont en train d'ouvrir les yeux. L'article en fait même son titre de relance en couleur : "L'écologie ne serait-elle donc plus 'un truc de gauchistes' ? Les catholiques français semblent en tout cas moins nombreux à le penser que dans les années 1970...” Mauvaise nouvelle pour la secte ultra. Et joyeuse nouvelle pour les hommes et les femmes de bonne volonté.

 

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[1]  La seule "identité" du catholique, c'est la personne du Christ : et comme le dit Valérie Cabanes dans l'article de La Croix, "nulle part le Christ ne parle de l'humanité comme d'une espèce qui domine le monde" ! Mme Cabanes a parfaitement raison sur ce point. Elle nous permettra tout de même de lui faire observer que la domination de l'homme n'a jamais été un "dogme" du catholicisme : tout au plus un contresens d'interprétation, devenu courant tardivement (au XVIIIe siècle postcartésien) et dénoncé au XXIe par Laudato Si'.

 

 

 

écologie, catholiques

 

Commentaires

VATICAN NEWS

>https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2020-09/pape-francois-audience-francais-ecologie-laudato-si-conference.html
Dommage, Patrice, que vous ne figuriez pas parmi les membres de cette délégation : vous y auriez eu toute votre place !
Vaticannews.va propose un résumé des discussions menées au Palais apostolique, avec en particulier cette remarque portant sur l'indifférence écologique de certains catholiques, à laquelle le Saint-Père a "douloureusement acquiescé", signe qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir au sein même de l’Église.
Mme Hidalgo, via son adjointe Mme Pulvar, souhaite que le pape se rende en décembre dans la capitale française pour les cinq ans de l'accord de Paris ; ce serait une heureuse initiative !

PV


[ PP à PV – Oui, alleluia pour l'initiatiive de "main tendue"des évêques français en direction des responsables engagés dans les combats urgents de l'écologie. Et double alleluia si cette main tendue bouscule au passage nos vieilles crispations droite-gauche !
ps - Non, cher Philippe, je n'aurais eu aucun titre à figurer dans une délégation de gens qui ont des responsabilités concrètes dans ces domaines (relisez la liste donnée par 'La Croix'). Je suis un vieux glossateur professionnel : non un cadre de l'Eglise française, un élu de terrain ou un agriculteur en transition ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 04/09/2020

à Patrice :

> Vous êtes trop modeste. Votre blog est authentiquement évangélisateur et fut même pionnier en matière d'écologie chrétienne : une filiation 'Laudato Si' à laquelle le Saint-Père serait assurément sensible.
Il est d'ailleurs positif que Mgr de Moulins-Beaufort ait constitué une délégation qui ne soit pas limitée à la seule écologie chrétienne : avec Mmes Pulvar, Binoche, M. Servigne, "je sais où est l'Église, mais je ne sais pas où elle n'est pas" pour citer le cardinal Barbarin, illustrant l'appel du dernier concile à dialoguer avec tous les hommes de bonne volonté, qu'ils aient ou non la foi.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/09/2020

LA BONNE DIRECTION

> Beaucoup d'urgences et de mauvaises nouvelles occupent cette année. Cette réunion peut apparaître comme vaine et utopique. Pourtant, je la crois aller dans la bonne direction. La plus grande urgence du moment et de construire ou reconstruire un monde meilleur.
Il ne sera jamais parfait. Il ne sera jamais à soumettre à la loi humaine voulant le rendre parfait. Beaucoup de cadavres parlent contre cette idée de perfection bâtie selon des lois humaines.
Ces gens peuvent paraître ridicules avec quelques discussions dans un coin. Pourtant, il y a là un espoir gigantesque de sortir de notre ornière. Y rester en restant le nez dans le guidon est le désespoir absolu.
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Écrit par : DidierF / | 05/09/2020

ENFIN

> OUF ! Enfin une excellente nouvelle ! Merci beaucoup Patrice !
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Écrit par : Louis Le Mée / | 07/09/2020

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